Cela va du simple fait de lire le journal tout en marchant à rédiger un document tout en lisant mes courriels de temps en temps et en installant un logiciel sur un ordinateur.
Pendant des années j'ai été heureux de pratiquer le multitâche, j'avais l'impression de pouvoir faire plus de choses, de maximiser le temps disponible et de pouvoir traiter rapidement tout imprévu. Cela me permettait également d'être disponible immédiatement en cas de besoin pour les personnes avec qui je travaille.
D'un autre côté je me mettais régulièrement en surchauffe, le multitâche génère de la fatigue, du stress et est source potentiel d'erreur. Il n'est pas simple, ni même sain sans doute, de changer de contexte plusieurs fois en quelques minutes. Pour ma défense j'avais du mal à me concentrer sur une seule chose pendant de longues périodes.
Récemment, plusieurs choses m'ont encouragé à essayer de devenir monotâche : mes expériences autour de la méthode Pomodoro et plusieurs lectures dont celles de Leo Babauta de Zen Habits (notamment "L'art d'aller à l'essentiel") ou encore le livre d'AJ Jacobs "Journal d'un cobaye" dont le chapitre 7 est intitulé "Monotâche" (La version originale de l'article, en anglais, qui est très drôle).
L'idée est simple : se concentrer uniquement sur la tâche en cours de traitement.
La difficulté étant de maintenir sa concentration et de ne pas se laisser perturber par les distractions (genre ignorer ce message qui vient d'arriver sur sa messagerie instantanée). Pratiquant déjà la méthode Pomodoro je choisis de fixer un temps limité pour chaque tâche, ce qui devrait normalement m'aider. Se focaliser sur l'instant présent, en faisant abstraction du passé, du futur et des autres tâches, ne doit pas être évident et va demander de l'entrainement.
À priori être monotâche devrait me permettre d'être plus efficace sur la tâche par la concentration maximale et générer moins de stress et de fatigue à la fin de la journée.
Normalement, dans une approche monotâche on fait moins de choses que dans une approche multitâche. C'est un point intéressant qui oblige à se focaliser sur les tâches essentielles (comme avec les Grands galets).
Cependant le multitâche est franchement très utile dans un cadre précis : les réunions voir les conférences. De nombreuses réunions ne demandent pas forcément une attention continue et il est pratique de pouvoir faire d'autres choses en même temps (une simple connexion suffit) pour éviter de perdre trop de temps. Évidemment cela transforme de nos jours les réunions en regroupement de personnes pianotant pour la plupart sur leur clavier d'ordinateur ou de smartphone. Être monotâche lors de réunions (c'est à dire concentré sur la réunion) ne va pas forcément être facile. Le bon côté est que cela va forcer à choisir encore mieux les réunions auxquelles assister.
J'ai commencé depuis quelques temps l'approche monotâche et j'avoue y prendre plaisir. Je ferai bientôt un retour d'expérience.
1 De Cédric -
J'ai commencé à lire (et pratiquer !) l'art d'aller à l'essentiel depuis quelques jours et un des plus gros défis pour moi est de me consacrer à une tâche à la fois.
C'est quelque chose que j'ai vraiment du mal à faire parce que j'éprouve une sorte d' "euphorie" à faire plein de choses à la fois...
J'essaye de m'y tenir pour voir si je me sens mieux mais les vieux réflexes ont tendance à vite revenir ! Il faudrait peut-être que je mette un peu de time boxing dans tout ça pour me "forcer" !
2 De Cédric (pas le même) -
J'ai le même chemin, très multitâche par habitudes prises, mais en route vers le monotache la plupart du temps. Comme Cédric 1er, je suis sensible à l'ivresse du monotâche, mais la fatigue est bien réelle, et l'efficacité ne s'y trouve pas forcément.
Remarque 1 : il y a des tâches qui doivent être faites (installer un logiciel, lessive) mais qui travaillent sans nous ou presque, et dans ce cas précis changer de tâche a du sens.
Remarque 2 : une réunion ou une conférence qui n'a pas besoin à 100% de mon attention me donnent le goût que je n'ai rien à y faire. Sauf à y être forcé par des considérations "politiques", je cherche à n'assister qu'à de vraies réunions ou à des conférences qui m'interpellent.
3 De Frédéric Couchet -
@Cédric: Se consacrer à une tâche à la fois est un vrai défi, surtout quand on est habitué au multitâche. Faire du "temps limité" (timeboxing) m'aide à me consacrer. Dans son livre Leo Babauta explique que se concentrer sur l'instant présent demande beaucoup d'entrainement car l'esprit vagabonde très rapidement vers d'autres idées, tâches. Il conseille de s'entrainer le plus souvent possible : en faisant la vaisselle, en déjeunant, pendant le jogging. Il conseille de se focaliser sur la tâche en cours et de se concentrer son attention juste sur cette tache. Par exemple, lorsqu'on mange il s'agit de ne pas faire autre chose (lire, écouter la radio, la télé) que de manger, il faut prendre conscience de ce que l'on mange. Pas forcément évident ceci-dit. Même chose lorsqu'on marche: se concentrer sur ce que l'on voit, nos sens... D'un autre côté je pense qu'il ne faut pas focaliser tout le temps sur des tâches en cours telle que la promenade car laisser vagabonder son esprit est utile aussi.
Une technique utile peut être la vocalisation ou le fait de décrire à haute-voix ce que l'on est en train de faire. Voir l'explication d'AJ Jabcobs (http://www.seekersdigest.org/?p=795 ("day 21"). C'est très efficace, mais on ne peut pas forcément le faire tout le temps :)
@Cédric (pas le même) : effectivement quand on installe un logiciel il est tentant de changer de tâche pendant l'installation. Ceci dit, je pense que c'est un bon entrainement de ne pas le faire (sauf si l'installation prend 2 h évidemment). De nos jours l'installation (hors configuration) d'un logiciel prend quelques minutes. Profiter du temps de téléchargement pour laisser reposer le cerveau me semble avoir du sens.
Concernant les réunions il faut déjà se limiter (si possible) aux réunions correctement préparées c'est à dire qui a un objectif, un ordre du jour, une liste de participants, un agenda et une durée limitée.