Parti Pirate : de la façon d'aborder une élection ?

Un candidat du Parti Pirate a participé pour la première fois en France à une élection, la législative partielle de la 10ème circonscription des Yvelines. Le candidat du PP a obtenu un peu plus de 2% des suffrages, ce qui est un score très honorable (voir les résultats), quoi qu'on puisse penser de ce parti et de son programme. Notons la participation très faible lors de cette élection, moins de 23% contre 65% en 2007.

En 2006, le Piratpartiet suédois n'avait réalisé que 0,6% lors de sa première candidature à une élection. Et récemment un membre du Piratpartiet été élu au parlement européen.

Le programme du Parti Pirate est articulé selon leur FAQ autour de trois points :

- réforme du Droit d'auteur

- libre circulation des savoirs scientifiques

- protection des libertés individuelles

Ce programme peut bien sûr avoir un impact sur le logiciel libre, lire à ce sujet le texte de Richard Stallman « Pourquoi les propositions du Parti Pirate suédois se retournent contre le logiciel libre ». Mise à jour après publication du billet : On me signale que le Parti Pirate internationnal a affiné sa position suite à des échanges avec Richard Stallman, voir « Parti Pirate et licences libres : notre contribution à une question épineuse ».

Dans une interview de Maxime Rouquet pour le site Écrans : « Le Parti Pirate a sa place en France » le candidat du Parti Pirate dans les Yvelines résume le programme en « Préserver les droits des citoyens, libérer la culture, dénoncer brevets et monopoles privés, qui nuisent aux intérêts de la communauté mondiale. ». Maxime Rouquet avait indiqué qu'il concentrerait sa campagne sur les 6 points précis de son programme et que le parti pirate n'a pas vocation à être un parti généraliste.

Dans la législative partielle il reste au second tour deux candidats : Anny Poursinoff (Les Verts, 20% au premier tour) et Jean-Frédéric Poisson (UMP, presque 44%). Georges Mougeot (candidat DVG, troisième avec 9,5% des suffrages) ne donne pas de consigne sur ses souhaits concernant le report de voix pour le second tour : « Pour ce deuxième tour, je fais confiance à l'intelligence de nos électeurs qui sauront quoi faire » et Maxime Rouquet fait de même. Dans une interview à Numerama il a ainsi déclaré :

Vous n'avez pas souhaité appeler explicitement au soutien du candidat des Verts au second tour, pourquoi ?

MR : Les Verts ont le positionnement le plus proche du nôtre sur la majorité des sujets qui nous préoccupent. Et Anny Poursinoff a clairement exprimé son opposition à la loi HADOPI lors de son discours dimanche soir après l'annonce des résultats. Mais son opposant Jean-Frédéric Poisson se déclare également contre HADOPI et rappelle qu'il n'a pas voté pour la loi (Il s'est abstenu pour HADOPI 1 et ne s'est pas présenté au vote de HADOPI 2 mardi dernier).

Le Parti Pirate tient à son indépendance et à ne pas prendre position dans un débat gauche/droite. Dans ces conditions, nous souhaitons encourager la démarche de députés qui, comme Jean-Frédéric Poisson, s'expriment contre la loi HADOPI. Nous avons donc choisi de ne pas nous prononcer contre le candidat de l'UMP.

Nous laisserons à nos électeurs le soin de décider si son opposition à la loi HADOPI les satisfait, et si le fait qu'il se soit abstenu est suffisant sur ce sujet.

Un fait certain est que si Jean-Frédéric Poisson et Anny Poursinoff sont au coude-à-coude, comme cela semble se profiler, le report des voix de nos électeurs sera décisif. S'ils permettent au candidat UMP de conserver cette circonscription, qui devait être gagnée d'avance, ce sera grâce à son opposition à la loi HADOPI. En revanche, s'ils soutiennent massivement la candidate des Verts, ce ne sera pas un désaveux de Jean-Frédéric Poisson, mais avant tout de la majorité présidentielle, de sa politique, et des lois comme HADOPI.

Le projet de loi Hadopi est emblématique de ce que combat le Parti Pirate. Le vote des députés concernant ce projet de loi est donc identitaire pour le Parti Pirate.

Jean-Frédéric Poisson (qui fut le suppléant de Christine Boutin, très opposée au gouvernement lors des débats sur DADVSI et par la suite devenue ministre du logement) serait donc opposé au projet de loi Hadopi. Je veux bien croire ça mais lors du vote sur Hadopi 1 il s'était abstenu et pour le vote sur Hadopi 2 (avant la CMP) il n'était pas présent (le vote a eu lieu le 15 septembre et je crois que son mandat de député était clos à cette date). Il fait donc partie des 17 députés UMP s'étant abstenu en mai dernier mais dans le même temps 6 députés UMP votaient contre le projet de loi.

Il suffirait donc de s'abstenir sur Hadopi pour que le Parti Pirate ne prenne pas une position alors que Les Verts selon les propres propos de Maxime Rouquet « ont le positionnement le plus proche du notre sur la majorité des sujets qui nous préoccupent » et que l'élu du Piratpartiet a décidé de rejoindre le groupe des Verts européens au parlement européen.

Il semble que le Parti Pirate oublie un peu vite que le projet société numérique du Président de la République Nicolas Sarkozy c'est brevets logiciels et internet chinois. L'opposition à un tel projet ne peut se satisfaire d'absention lors d'un vote Hadopi. Le candidat UMP aurait été quelqu'un comme Lionel Tardy (député UMP qui s'est farouchement opposé au projet de loi Hadopi en séance, via des amendements et en votant contre le projet de loi) j'aurais sans doute pu comprendre la position du Parti Pirate.

La politique ne se satisfait pas de choix par défaut. Franchement, la position du Parti Pirate me laisse perplexe. C'est un peu mou pour des « pirates », version « on va vous aborder s'il vous plaît » comme me le souffle un ami :)

Note : je suis ex membre des Verts, toujours inscrit sur la liste cultures numériques des Verts.

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