Retour à la maison

« Salut,

c'est moi, Lilian, un mois, le petit dernier de la famille Couchet-Paulhac.

Papa vous a déjà expliqué que je suis né à la maison. Maman y tenait et moi j'ai trouvé ça plus cool. Même ma grande soeur a du apprécier. Je suis né en pleine nuit, j'étais tellement pressé d'arriver qu'à peu de chose près c'était Papa et la doula qui m'accueillait.

Ma grande soeur n'a pas eu l'air plus surprise que ça. Le matin, quand elle m'a trouvée dans le lit avec Maman elle a juste dit «Oh le bébé». Elle a vérifié que j'étais bien un vrai bébé en m'enfonçant consciencieusement ses doigts dans les joues, pour voir si ça réagissait. J'étais tout de même content de voir à quoi pouvait ressembler le truc que j'entendais brailler régulièrement depuis 9 mois. C'est pas si impressionnant que ça finalement.

Maman voulait un accouchement le plus naturel possible, sans « gestes intrusifs » notamment comme elle dit. J'étais plutôt d'accord moi. Mais bon, les mutations génétiques n'étaient pas de cet avis.

Après deux jours tranquilles à téter le sein, j'ai commencé à arrêter de me nourrir. Allez savoir pourquoi mais j'arrivais pas à faire des cacas facilement.

Rendez-vous est donc pris avec le pédiatre. Qui sait pas trop ce que j'ai mais trouve que j'ai un ventre pas cool. Il dit donc d'aller aux urgences. Papa paie la consultation. « Combien vous je dois docteur ? » « 42 euros cher monsieur. » Ca a beaucoup amusé Papa. Je sais pas pourquoi, mais comme dit Maman ça doit être ça l'humour de geek.

On est parti pour l'hôpital Trousseau. Et là, question gestes intrusifs j'ai été servi.

Après quelques questions aux parents et une petite oscultation, le docteur décide ainsi de faire un sondage. Il doit pas avoir remarqué que j'ai que trois jours et que je cause pas encore. Mais en fait, j'ai mal compris, le sondage c'est le terme médical pour dire qu'on va mettre une sonde pour voir ce qui se passe à l'intérieur. Un lavement quoi.

Si c'est pas intrusif ça. Remarquez, je me doute pas encore que je vais être sondés plusieurs fois par jour pendant quelques semaines. Si j'avais su, je me serais faire mettre sur une liste rouge.

Le docteur, il sait pas encore ce que j'ai mais ça semble sérieux. Alors, on me garde. Maman va rester avec moi pendant que Papa va rentrer s'occuper de la braillarde (la grande soeur quoi).

Au cours des jours suivants j'ai droit à divers examens radio, biopsie... le temps de faire un diagnostic sûr. J'ai droit à la sonde gastrique, à la perfusion. Je suis intrusé de partout. Papa et Maman se relaient pour que je ne sois pas tout seul.

Le diagnostic tombe au bout de quelques jours. J'aurais la maladie de Hirschsprung. En gros, une partie de mon colon ne fonctionne pas ce qui bloque les selles. C'est chiant, c'est le cas de le dire. Les statistiques indiquent 1 cas pour 5 000 naissance. Pas encore le loto mais pas mal.

Par chance, j'ai une version légère de Hirschsprung.

Je vais donc devoir être opéré le 22 mars. Finalement, au bout d'une dizaine de jours je peux rentrer à la maison quelques jours. Maman et Papa ils sont contents, même pour eux c'est crevant l'hôpital.

Je retrouve donc la maison et Loïs qui tient absolument à vérifier que je réagis toujours lorsqu'elle enfonce ses doigts sur moi. A part ça, elle est mignone. Toute contente d'avoir un vrai bébé à la maison.

Retour à l'hôpital trois jours avant l'opération. On me met à jeun la veille. C'est de la torture, j'ai faim moi. Je veux qu'on me rendre mon téton sur pattes.

L'opération a lieu le 22. On me retire la partie malade du colon et je suis de retour dans la chambre en milieu d'après-midi. Avec quelques fils bien sûr.

Le docteur a bien fait son boulot et le mécanisme interne se remet en marche, autrement dit je refais des cacas. Alors j'en profite. En plus y a toujours quelqu'un pour me changer.

Mon bon de sortie est signé le 27 mars.

Retour à la maison. »

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